Depuis quelques années, un phénomène sociétal prend de l’ampleur en France : de plus en plus de femmes déclarent ne plus vouloir vivre en couple, et ce non pas à la suite d’une déception sentimentale, mais par choix assumé. Derrière la phrase devenue emblématique — « Je n’envisage pas une seule seconde de vivre à nouveau avec quelqu’un » — se dessine une nouvelle réalité sociale où la solitude n’est plus vécue comme un manque, mais comme une liberté revendiquée. Selon plusieurs études sociologiques récentes, le nombre de femmes vivant seules tout en se déclarant « pleinement satisfaites » augmente chaque année, particulièrement dans les grandes villes.
Ce changement s’explique en partie par l’évolution des attentes. De nombreuses femmes affirment ne plus vouloir sacrifier leur indépendance, leur rythme de vie et leurs projets personnels. Les anciennes normes — mariage, cohabitation, compromis permanents — ne sont plus un objectif automatique. Certaines expliquent que vivre seule permet de se recentrer sur des activités qui nourrissent réellement leur identité, un phénomène qui rejoint les tendances sociétales présentées dans l’article Comment la simplicite transforme la vie quotidienne publié récemment sur Kiboki, un contenu qui défend déjà l’idée d’une vie plus choisie que subie.
Sur le plan culturel, cette revendication s’observe aussi dans les médias, les podcasts et la littérature contemporaine. Plusieurs psychologues et essayistes analysent ce tournant comme une conséquence de la charge mentale accumulée pendant des décennies. La liberté retrouvée devient alors une forme de réparation intime. Dans la presse étrangère, des analyses similaires ont été publiées, notamment dans The Guardian et El País, qui soulignent que ce mouvement n’est plus marginal mais global. La solitude devient un espace où l’on peut respirer et « exister sans justification ».
Cependant, choisir de vivre seule ne veut pas dire renoncer à l’amour ou au lien humain. Beaucoup de ces femmes revendiquent au contraire des relations affectives plus saines, plus authentiques et moins fusionnelles. Certaines évoquent même un paradoxe positif : se sentir plus entourée lorsqu’on n’est plus en couple, car l’amitié, les activités sociales et les envies personnelles prennent davantage de place. Ce recul volontaire du modèle romantique traditionnel fait écho à notre article Voyager autrement : pourquoi les Francais redécouvrent le charme des petits villages, où la quête de sens et la lenteur sont vues comme des réponses à l’accélération moderne.
La question n’est donc plus « pourquoi vivre seule ? », mais « pourquoi faudrait-il absolument vivre en couple ? ». Ce renversement de perspective marque un tournant historique dans la lecture de la féminité. Autrefois jugées « difficiles », « exigeantes » ou « trop indépendantes », ces femmes deviennent aujourd’hui des pionnières d’un mouvement sociétal : celui du choix. Et ce choix inspire — même au-delà des frontières françaises — des conversations sur le droit de vivre pour soi avant de vivre pour quelqu’un.
Dans un monde où les injonctions continuent de peser sur les femmes, la solitude apparaît pour beaucoup comme un lieu de liberté, de guérison et de renaissance. Elle ne représente pas une défaite, mais une victoire intime. Et si, au lieu de demander quand elles rencontreront quelqu’un, on demandait simplement si elles sont heureuses ?

