Les controles routiers seront multiplies dans certains departements mais pour une raison surprenante

Les controles routiers seront multiplies dans certains departements mais pour une raison surprenante

Dans plusieurs départements français, les préfectures annoncent une nette augmentation des contrôles routiers dans les prochains mois. À première vue, beaucoup d’automobilistes imaginent un simple durcissement répressif contre la vitesse ou l’alcool au volant. Pourtant, derrière cette montée en puissance, la raison mise en avant est plus surprenante : au-delà de la répression classique, ces opérations sont conçues comme un outil de prévention globale, de pédagogie et même de protection de publics spécifiques, comme les agents des routes ou les usagers vulnérables. Les contrôles ne visent donc pas seulement à verbaliser, mais à modifier les comportements et à sécuriser l’ensemble du partage de la route.

Un contexte d’accidentalité et de tensions sur la route

Les bilans nationaux récents de la sécurité routière montrent que la mortalité et les blessures graves restent à un niveau préoccupant, avec plus de 3 300 décès enregistrés en 2023 sur les routes françaises.
Dans certains départements, les préfectures ont constaté une hausse marquée des accidents mortels, liée principalement à la vitesse, à l’inattention (smartphone, distraction) et à l’alcool ou aux stupéfiants.

Parallèlement, les comportements agressifs envers les forces de l’ordre et les agents des routes se multiplient, notamment lors des interventions ou des chantiers sur voirie, ce qui conduit l’État à repositionner les contrôles comme un outil de protection de ces personnels exposés.

Une raison surprenante : la prévention visible et le rappel du « partage de la route »

Les communiqués de préfecture insistent de plus en plus sur un point : les contrôles coordonnés ne sont pas seulement organisés pour « faire du chiffre », mais pour être vus, marquer les esprits et rappeler concrètement les règles du partage de la route.

Objectifs affichés dans plusieurs départements comme l’Ille-et-Vilaine ou l’Oise :

  • remettre en avant la cohabitation entre automobilistes, motards, cyclistes, piétons et usagers de trottinettes ou d’engins de déplacement personnel motorisés ;
  • faire de chaque opération de contrôle un moment de pédagogie (distribution de flyers, ateliers « angles morts », tests de réaction, etc.) ;
  • montrer que la présence policière et gendarme protège aussi les usagers respectueux, en particulier les plus vulnérables.

Contenus des contrôles : plus large que la vitesse et l’alcool

Les opérations annoncées ciblent un éventail de comportements à risque beaucoup plus large qu’autrefois :

  • excès de vitesse et grands excès ;
  • alcoolémie et usage de stupéfiants ;
  • usage du portable au volant et inattention ;
  • non-respect des priorités, feux, voies réservées et distances de sécurité ;
  • non-respect du « corridor de sécurité » autour des chantiers et véhicules d’intervention.

Dans certains départements, les services de l’État couplent même ces contrôles avec des actions de sensibilisation à la visibilité, au port d’équipements réfléchissants, ou à la perception des angles morts pour les poids lourds.

Chiffres clés de la situation dans les départements concernés

Indicateur (exemples de départements)Valeur récente / tendanceInformations issues des préfectures
Part de la vitesse dans les accidents mortelsEnviron 19% des décès en 2022Identifié comme première cause dans plusieurs départements. 
Part de l’inattention (dont smartphone)Environ 17% des accidents mortelsL’usage du téléphone au volant est désormais une priorité des contrôles. 
Part de l’alcool au volantEnviron 15% des accidents mortelsMotif fréquent de suspension administrative du permis. 
Nombre de suspensions administratives de permis (ex. Oise)+3,7% entre 2021 et 2022Témoin d’une intensification des contrôles et sanctions. 
Nombre d’actions de prévention (ex. Ille-et-Vilaine, semestre)20+ actions (ateliers, stands)Couplées aux contrôles routiers coordonnés. 

Pourquoi certains départements sont plus concernés que d’autres ?

Les préfectures ciblent en priorité :

  • les départements où la mortalité routière a récemment augmenté de manière nette ;
  • les zones avec forte densité de trafic (axes structurants, périurbain, zones touristiques) ;
  • les territoires où le non-respect du corridor de sécurité met particulièrement en danger les agents d’exploitation routière.

Les documents d’orientation 2023‑2027 de certains départements (comme l’Isère) rappellent en outre que la stratégie nationale concentre les efforts sur les conduites à risque et les deux-roues motorisés, ce qui influe aussi sur la géographie des contrôles.

Un volet répressif, mais surtout un volet pédagogique

Les services de l’État mettent en avant une double approche :

  • Répression ciblée des comportements les plus dangereux (vitesse, alcool, stupéfiants, portable, refus de priorité) avec sanctions immédiates (amendes, retraits de points, suspensions administratives du permis).
  • Prévention et sensibilisation à travers des stands sur des parkings, des ateliers de simulation, des démonstrations de freinage, ou encore des opérations de communication (campagnes radio, affichage, réseaux sociaux).

En Ille‑et‑Vilaine par exemple, plus de 20 actions de sensibilisation ont été réalisées au premier semestre 2024, et d’autres sont programmées en parallèle des contrôles renforcés.

Impacts attendus pour les usagers de la route

Pour les conducteurs, ces opérations se traduiront par :

  • davantage de contrôles inopinés sur les grands axes comme sur les routes secondaires ;
  • un risque accru de sanction en cas de comportements à risque, même « légers » (téléphone, petites vitesses au‑dessus de la limite, non-respect du corridor de sécurité) ;
  • mais aussi davantage d’occasions de recevoir des conseils, de poser des questions et de mieux comprendre les règles spécifiques (EDPM, vélos, zones de rencontre, etc.).

Pour les piétons, cyclistes, trottinettistes et agents des routes, l’enjeu est un renforcement du sentiment de sécurité par la dissuasion des conduites dangereuses et la meilleure prise en compte de leur vulnérabilité sur la chaussée.

Comment adapter sa conduite face à la multiplication des contrôles ?

Quelques réflexes simples permettent de rouler serein malgré – ou grâce à – cette nouvelle offensive de sécurité routière :

  • respecter strictement les limitations de vitesse, y compris sur les portions réputées « rapides » ;
  • bannir l’usage du téléphone en mains libres distrayant, et a fortiori en main ;
  • ne jamais prendre le volant après avoir consommé alcool ou stupéfiants ;
  • adopter systématiquement le corridor de sécurité à l’approche d’un chantier ou d’un véhicule d’intervention (ralentir, changer de voie ou s’écarter au maximum) ;
  • rester attentif aux usagers vulnérables (piétons, cyclistes, EDPM), particulièrement en agglomération.

Vers une culture de sécurité partagée

Au final, si la multiplication des contrôles routiers dans certains départements peut être perçue comme une contrainte, la « raison surprenante » invoquée par les autorités tient au fait qu’ils sont conçus comme un levier de changement culturel : moins un piège à contraventions qu’un outil visible pour rappeler que la route est un espace partagé où chaque comportement a des conséquences directes sur la vie des autres.

En combinant présence renforcée, sanctions ciblées et actions de prévention, l’objectif affiché est de faire baisser durablement l’accidentalité, d’apaiser les tensions entre usagers et de mieux protéger les plus fragiles comme les agents d’entretien routier.

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