Dans les appartements parisiens comme dans les maisons de village, un detail discret raconte une nouvelle maniere de vivre : les fenetres sans rideaux. Longtemps symbole d intimite et de tradition, le rideau laisse place a la lumiere nue, aux vitrages bruts, aux tissus presque transparents ou absents. Cette tendance ne cherche pas a choquer. Elle cherche a laisser entrer le jour, le paysage et le souffle du dehors.
Pendant des annees, habiller les fenetres signifiait cacher, filtrer, controler. Mais en 2025, l interieur francais veut respirer. Les maisons privilegient la lumiere douce, les vues ouvertes, les cadres depouilles. Dans un monde ou l esprit cherche l espace, les fenetres deviennent des passerelles vers le calme. “Je ne veux plus couper la lumiere du matin,” confie Lea, 32 ans, qui vit a Montpellier. “Voir le jardin au reveil me fait du bien.”
Cette esthetique s inscrit dans la meme recherche de douceur que celle exploree dans La maison qui respire : le nouvel ideal du design interieur francais.
Les couleurs se font plus naturelles, les textures plus organiques, et l architecture laisse entrer le soleil comme un soin mental quotidien. On ne cherche plus a isoler, mais a se relier — a la rue tranquille, au jardin, au ciel, a la lumiere de saison.
Partout, les decorateurs adoptent l ideé que voir dehors apaise. Selon une analyse de AD Magazine France, les interieurs “semi-nus” gagnent du terrain dans les maisons contemporaines, portés par la volonte de vivre avec la nature et non contre elle. Les voilages fins remplacent les lourds drapes, ou disparaissent completement. Dans les campagnes, certains ne ferment que des volets en bois traditionnels le soir.
Cette tendance parle aussi de confiance et de transparence. Les habitants n ont plus peur d etre vus — ils cherchent au contraire une relation plus douce avec leur espace, leur voisinage, leur environnement visuel. Ce n est pas une exhibition. C est une respiration visuelle. L interieur n est plus une boite, mais un paysage intime qui s ouvre vers l exterieur.
Bien sur, cette evolution demande des ajustements. Les quartiers urbains denses necessitent parfois des verres depolis ou des films translucides. Les maisons tres exposees jouent avec des stores legers ou des panneaux coulissants. Mais le geste est le meme : moins de barriere, plus de lumiere et de confiance. Et surtout, plus de serenite.
Dans une cuisine ouverte sur un jardin, un salon traverse par un rayon d automne, une chambre qui capte le lever du soleil, l effet est toujours le meme : une presence douce.
Comme si le monde exterieur devenait une piece supplementaire. Comme si la maison respirait, simplement, sans se cacher.
